Nous l’avons tous côtoyé, les bénévoles de l’association, les apprenants et même Maxime qui a
assisté à un de ses cours. Nous le connaissions plus ou moins, la palme revenant à Jacqueline
pour qui il était un ami.
Durant ma première année à Inter Langues, nous nous croisions deux fois par semaine et
discutions souvent de choses et d’autres, qui avaient la plupart du temps rapport à la culture.
Nous avions eu de longues discussions et échanges à propos de Montaigne quand j’étais allée
visiter sa tour (la fameuse Tour de Montaigne) près de Bordeaux. Mais nous parlions aussi aviron
et matériel pédagogique !
Quand je lui demandais en l’abordant « Comment ça va ? », sa réponse invariable était « Mal,
pourquoi ? » ou « Tu vas bien ? « Non, pourquoi ? » C’est vrai qu’avec son diabète et son problème
de vue qui allait en s’aggravant, il n’y avait pas de quoi pavoiser. Mais il était comme ça Pierre,
pétri d’un humour noir mais content d’être là. Ses cours, c’était son « anti-dépresseur » comme il
disait.
Chez lui, nous avons passé en revue toute son immense collection de livres anciens, il en avait
des choses à raconter !
Mardi matin, quand j’ai annoncé son décès à certaines apprenantes qui n’étaient pas encore au
courant, elles étaient bien tristes, Khadija en était toute retournée. Il va leur manquer comme il va
nous manquer.
Avec Pascale nous l’avons vu le dernier lundi avant son décès. Il s’était assis sur une chaise dans
le couloir pour reprendre son souffle après les deux étages, il n’était pas bien mais souriait quand
même. Et je l’ai présenté à Maxime qui ne l’aura pas connu bien longtemps.
Il a donné son savoir, son temps, nous a apporté à chacun, chacune quelque chose de personnel.
Maintenant nous allons continuer sans lui mais je voulais lui rendre ce petit hommage car nous
l’aimions bien, Pierre.
